Christian BRUN
Centre de Recherche de l'Armée de l'air (CReA), École de l'Air, 13 661,
Salon Air, FranceLe but de cette présentation est d’essayer de comprendre pourquoi Guynemer est devenu un héros dès la fin du premier conflit. Nous tenterons donc de faire ressortir les traits significatifs qui le différencient des autres as et plus globalement de l’ensemble des pilotes.
Cette
présentation va donc suivre son parcours depuis son engagement jusqu’à sa
disparition à travers les écrits et les témoignages. Il est en effet essentiel
de décortiquer toutes les sources afin de comprendre comment les narrateurs ont
construit et consolidé une figure mythique. Nous ne retiendrons ici que les
caractéristiques, les qualités qui ont été utilisés par l’ensemble des
écrivains. Ensuite, nous les comparerons avec celles des autres as de
l’aviation, à savoir les pilotes qui ont obtenu au moins 5 victoires aériennes
(effectif de 140 personnes). Enfin, nous tenterons de comparer ces éléments
constitutifs avec ceux des simples pilotes de la guerre, c'est-à-dire ceux qui
ont obtenu moins de 5 victoires (population de 1500 personnes tirée d’un
fichier détenu par le Service Historique de la Défense). Nous allons donc nous appuyer sur les
caractéristiques du héros et des as afin de vérifier si elles peuvent être appliquées
à l’ensemble des pilotes.
Nieuport attaquant un Drachen Peinture de Tiennick Kérével Peintre de l'Air www.kerevel.com/oeuvres.html |
Les caractéristiques physiques
La littérature
va inventer à Guynemer un parcours initiatique, une jeunesse riche en
événements. Ces épreuves seront brillamment réussies et ce malgré le fait qu’il
possède une santé fragile. Il va compenser cette faiblesse par son agilité et
son intelligence. Ainsi, au sortir de ses études, il sera à la fois, héros
épique, aventurier et rebelle. Son enfance a donc permis à ses biographes de
préparer le futur grand as en mettant en avant ses dons et ses qualités.
La plupart des
as étaient des sportifs, des aventuriers qui se passionnaient pour les sports
mécaniques et particulièrement l’aviation ou l’automobile. C’est certainement
cette caractéristique qui singularise Guynemer. En effet, à l’inverse des
autres as ce n’est pas un sportif, ce n’est pas un athlète. Ce n’est pas un
Dorme ou encore un Navarre, ou un Nungesser, il n’a rien d’un géant, d’un
adulte. En ce sens, il est à part, il n’y a rien de viril chez ce garçon, il
n’a rien d’un combattant.
Un pourcentage
significatif d’as et de pilotes sont issus du monde du sport et sont même considérés
comme de bons sportifs. 10 des 30 premiers as ont pratiqué (Boyau, Nogues,
Chaput ou encore Haegelin) et 12 % de l’ensemble des pilotes étaient également
des sportifs. C’est ici que se démarque Guynemer qui en plus de ne pas posséder
le physique adéquate n’est pas un pratiquant. Ce passage de sa vie est celui
dont les biographes se sont servis pour façonner le héros. Tout est fait pour
bien montrer que rien ne le prédestinait à être l’égal des autres pilotes et
pourtant il a fait mieux qu’eux.
Les études
La littérature
mettra en avant ses études à Stanislas et surtout sa préparation à Polytechnique.
C’est donc un lycéen brillant mais qui ne pourra pas se présenter au concours
parce qu’il a des ennuis de santé. Ainsi on peut se demander si Guynemer est un
cas à part et si cette caractéristique peut lui permettre de se distinguer des
autres pilotes. Les statistiques font ressortir que sur les 30 premiers as, qui
ont le même âge que Guynemer, 10 ont fait des études similaires, c'est-à-dire
33 % et parmi les 1500 pilotes analysés, 24 % sont des étudiants qui s’engagent
directement dans l’aviation. Ces chiffres montrent que ce critère n’est pas
significatif et ne peut en aucune manière le différencier.
La jeunesse
Il est
constamment fait référence à la jeunesse du héros. Guynemer est né en 1894 et a
donc 20 ans au début du conflit. Si l’on observe l’âge des 140 premiers as on s’aperçoit
que la moyenne est de 21 ans et demi à la même date ; en revanche lorsque l’on
se penche sur l’âge des 10 premiers as, ils sont tous plus vieux de deux ans au
moins. Si l’on calcule l’âge moyen des pilotes sur la population totale
c'est-à-dire sur les 1500 pilotes analysés celle-ci est de 24 ans. Ainsi
Guynemer peut être considéré comme étant un des plus jeunes as de l’aviation.
Il est intéressant de souligner que 2 ans séparent Guynemer de la population
des as et que celle-ci est deux ans plus jeune que la population de l’ensemble
des pilotes. Il paraît donc tout a fait logique que l’on est pu mettre en avant
cette jeunesse cette précocité lorsque l’on a fabriqué le héros. Mais on peut
mentionner toutefois que Dorme, Fonck ou Haegelin sont aussi jeunes que
Guynemer lorsqu’ils s’engagent.
Arme d’origine
Guynemer s’engage directement dans le service
aéronautique. Ce point particulier est souvent mentionné dans le but de montrer
cette passion, cette volonté de piloter. Lorsque l’on se penche sur l’origine
des 140 premiers as la répartition est la suivante : 30 % viennent de
l’infanterie, 26 % de la cavalerie, 21 % de l’aviation et 10 % de l’artillerie.
Concernant les statistiques sur la population totale des pilotes nous obtenons
des chiffres comparables. En revanche, on peut souligner que 1/5 des pilotes
s’engagent directement dans le service aéronautique, comme Guynemer, et que
cette particularité n’est donc pas un facteur significatif en ce qui concerne
sa construction, mais par contre elle caractérise les as puisque la moitié des
10 premiers et 33 % des 40 premiers as s’engagent également directement dans
l’aviation.
Opiniâtre et
déterminé
Lorsque Guynemer
décide de s’engager il sera ajourné cinq fois. Mais ses biographes soulignent
qu’il est entêté. Il retournera donc régulièrement au bureau de recrutement.
Tout est dit sur sa détermination. On nous présente son entrée comme tenant un
peu du miracle, engagement qui sera dû essentiellement à sa ténacité, mais
aussi à l’esprit visionnaire de ses supérieurs. Nous sommes là en
présence d’une caractéristique propre à Guynemer et qui certainement le définit
le mieux : il est têtu et
opiniâtre. Il entre donc dans le service auxiliaire en tant qu’élève mécanicien
à Pau, où il est dit qu’il va devoir supporter les corvées. Il doit donc passer
par cette phase d’initiation. Il sera ensuite mécanicien d’avions. Deux mois
après son arrivée, on le propose comme élève pilote.
Les as ne sont pas fait pour la guerre des tranchées,
l’immobilisme de leur convient pas ; pour la plupart c’est l’aventure, le
sport, la curiosité qui les animent. Pour beaucoup, en revanche, c’est tout
cela aussi mais également le combat, l’action et l’agressivité. Certains seront
reversés dans l’aviation sur leur demande après avoir mené des actions
héroïques dans les tranchées (33 % des 40 premiers as).
Ainsi, la
plupart d’entre eux ont attendu, comme Guynemer, quelques mois avant de pouvoir
piloter. Cette phase d’apprentissage et d’attente n’est donc pas propre à
Guynemer mais à l’ensemble des pilotes surtout ceux du début (seuls les
quelques brevetés d’avant la guerre y échappent, c'est-à-dire 10 % d’entre eux).
En revanche, lorsqu’ils partent en école tout s’accélère et on retrouve
logiquement cette rapidité dans tous les parcours. Mais tout va très vite à partir
de 1915 et surtout de 1916, les besoins en pilotes se font de plus en plus
sentir, donc là encore rien qui puisse distinguer Guynemer.
Des débuts
laborieux
Il est donc
admis pilote. Mais parce qu’il veut trop bien faire, il accumule les
maladresses et les incidents ; il est trop nerveux, peut-être parce qu’il
a peur de ne pas être à la hauteur. De façon plus édulcorée, ses biographes
diront que c’est un « potache passionné ». Il quitte l’école de Pau
pour celle d’Avord et va encore casser du bois. Il est considéré comme un
« bousilleur » de zinc et a failli être radié du personnel navigant.
Il n’est pas le
seul à casser du bois, la plupart des grands et probablement la plupart des
autres pilotes ont eu des débuts difficiles et de plus il est intéressant de mentionner
que le nombre de pertes en école est très important. Donc ici encore rien de
très différent par rapport aux autres. Nous avons à faire au même type de pilotes.
Les futurs grands as et la plupart des futurs pilotes ont quasiment tous des
débuts difficiles.
Guynemer va donc
débuter sa carrière en laissant une impression d’incompétence, d’insouciance et
de maladresse comme la plupart des as même en ce qui concerne les débuts dans
son unité où tout se passe très mal.
Les débuts des
pilotes en escadrille sont quasiment toujours laborieux. Il est un trait que
l’on peut souligner c’est que presque tous, connus ou moins connus, ont mis
plusieurs mois avant de s’affirmer. La plupart des pilotes sont lâchés au bout
d’une trentaine de jours il n’est donc pas question d’avoir fait ses preuves et
d’être doué il est juste question d’avoir de la chance et de durer ; il
est nécessaire pour eux d’avoir eu un bon moniteur, un bon parrain. C’est une
constante que l’on retrouve dans tous les parcours des grands as, à savoir ce
parrainage qui permet au pilote d’apprendre et de patienter.
Première
victoire
Son premier
succès est l’occasion pour le caporal pilote de dévoiler sa personnalité de
chasseur. Il sera donc à la fois le gamin et le tueur. Le trait dominant reste
bien entendu cette légèreté devant la mort, cette façon de braver le danger. Il
sera aussi livré par la presse comme un précurseur. Cette notion est
importante ; la chance et le mérite caractérisent de rares élus. Chaque as
désire être le premier, le contexte et les « normes héroïques » leur
en donnent le droit. Pour Guynemer la première victoire arrive très tôt
c'est-à-dire 3 mois après l’obtention du brevet. En revanche il attendra 5 mois
entre la première et la deuxième victoire.
Cette première
victoire chez tous les pilotes est un catalyseur ; c’est le début de cette
spirale que l’on peut qualifier de course aux sensations, aux victoires. Tous
les pilotes confirmés et particulièrement les grands as recherchent le
combat ; ceux qui ne courent pas après le « palmarès » ne seront
pas dans le peloton. La première victoire chez les grands pilotes est obtenue
assez rapidement (sauf pour Fonck, Madon ou encore Boyau) ; à partir de
cette première victoire les autres s’enchaînent rapidement, c’est probablement
ce qui caractérise le mieux ces pilotes exceptionnels. Si l’on procède à
quelques statistiques il s’avère que dans les 10 premiers, 6 obtiennent en
moyenne deux victoires par mois. Là encore rien ne permet de distinguer Guynemer.
Qualités professionnelles et durée
Tout d’abord il
est nécessaire de mentionner que les as et Guynemer ont des aptitudes
particulières : appréciation, jugement, mémorisation, rapidité dans la prise
de décision et dans le traitement des informations. Mais ce qui caractérise le
mieux Guynemer dans le combat c’est une technique simple et dangereuse.
Beaucoup d’as
ont de plus un avantage certain sur les autres : le fait d’avoir de
l’expérience, le fait d’avoir vécu des « phases » qui se ressemblent et
qu’ils savent répéter. Donc on peut dire que l’as est celui qui a su durer
parce qu’il a à disposition un creuset d’expériences qui lui permet de se
sortir de situations difficiles.
Il faut
également mentionner que la guerre aérienne, les véritables combats ne débutent
qu’à partir des années 1916, ce qui laisse le temps aux futurs as de se forger.
Ils ont appris, ils ont été patients. Lorsqu’on regarde les statistiques il
s’avère que 40 % d’entre eux ont su rester sur le front plus de 24 mois. Bien
évidemment cela explique le palmarès.
Le pilote
Guynemer est
toujours défini comme quelqu’un qui ne laisse rien au hasard. Tous ses gestes
sont des réflexes qui lui permettent de trouver la trajectoire. Il est calme,
mais peut se transformer en « prédateur ». Il doit apparaître comme
le chasseur idéal. Il est nécessaire de rappeler que l’heure est à
l’élimination de l’adversaire. Le combat aérien est plus un guet-apens qu’un
duel, l’engagement chevaleresque un mythe plus qu’une réalité. Il recherche
également l’efficacité. Pour tous les as de la Grande Guerre, il est primordial
de rester dans le peloton de tête, ce qui implique une atmosphère de course à
la violence et à la mort. Lorsqu’il attaque, Guynemer, contrairement à ce que
l’on reproche à certains pilotes, fait toujours face à ses adversaires. Il ne
rompt pas le combat, il revient à la charge.
Guynemer, mais
également les as, sont toujours montrés comme faisant preuve d’un certain
cynisme. Fonck en est probablement l’exemple le plus significatif. C’est le
plaisir de la sensation plus que la joie de tuer dont on parle ici et tous les
as l’ont ressentie. Les pilotes ne se délectent pas de la mort, mais de
victoires ; tuer n’est pas un but c’est un passage obligé. De plus il faut
mentionner que tous les as ressentent la même impression celle de gagner, celle
de se surpasser. Ainsi ils ne participent pas à cette guerre industrielle, ils
sont en décalage dans le conflit ; la mort qu’ils donnent n’est pas
anonyme, la mort donnée n’est pas distante, ils participent physiquement à
cette mort.
La différence de
Guynemer, des as par rapport aux autres pilotes, c’est le sentiment pour eux de
maîtriser le destin, d’être acteurs de leur propre mort et de celle des autres.
Courageux et solitaire
La collision en
vol ne lui fait pas peur. Le risque même de mourir carbonisé dans son avion ne
semble pas le toucher. Ses biographes le décrivent comme quelqu’un qui rentre
de mission serein et souriant, pas du tout ébranlé par les projectiles ennemis.
Il frise l’inconscience, il agît naturellement sans se poser de question. C’est
une caractéristique que l’on retrouve chez de nombreux as.
C’est un
aviateur solitaire, qui effectue de longues « parties de chasse ». Il
est seul jusque dans l’adversité puisque de l’autre côté des lignes on l’évite.
C’est probablement cette recherche de solitude qui lui fera dire qu’il n’aime
pas ce que la chasse est devenue : un combat de groupe qui va remplacer
les sorties solitaires.
Les as préfèrent
travailler seuls, ils ne partagent pas. Ils se distinguent par l’engagement car
pour alimenter le tableau de chasse il est nécessaire de ne pas faire semblant.
De plus il est évident que la seule façon de prouver cet engagement, c’est le
trophée. Guynemer et les autres as de l’aviation peuvent se permettre d’être
solitaires et donc courageux parce que la période le permet ; il est
significatif de remarquer que 50 % des 25 premiers as ont obtenu une première
victoire en 15 ou en 16. En revanche il est intéressant de comptabiliser les
victoires obtenues en fonction de la nature des engins abattus. Ainsi, 40 % des
15 premiers as ont obtenu des victoires sur des Dracken ou des ballons. Ce
n’est pas le cas d’un Guynemer, d’un Fonck ou d’un Madon.
Le Technicien
Guynemer nous
est présenté comme cherchant toujours à améliorer son armement et son avion. Il
indique toutes sortes de perfectionnements. Il est également mécanicien et
armurier. Il essaye toujours de trouver de nouveaux procédés tactiques en
adéquation avec ses innovations techniques. Il invente des nouveaux systèmes.
L’accent sera donc mis sur ses capacités scientifiques et ses innovations
technologiques.
Tous les bons
pilotes sont de bons techniciens, ils connaissent leur avion. Guynemer comme Fonck,
Madon ou comme Nungesser améliorent leur armement et ne laissent rien au
hasard. Ils sont quasiment tous obsessionnels. Même lorsqu’ils testent leurs
armes ils le font de façon méthodique. En ce qui concerne cet amour pour la
mécanique on peut mentionner que 33 % des as étaient des passionnés. Sur les
1500 pilotes on en dénombre 40 % qui ont exercé une profession dans le domaine
technique ou mécanique. Ainsi, là encore, cette passion n’est pas un trait
particulier à Guynemer mais commun à l’ensemble des pilotes.
L’homme de l’extrême et des records
Guynemer a été
descendu huit fois, il a même fait une chute de 3000 mètres . Il
totalise 655 heures de vol effectuées entre 5000 et 7000 mètres d’altitude
et cela sans aucun malaise. C’est un « surhomme ». Tout est fait pour
mettre en avant son obstination et son abnégation. Il a surmonté des conditions
climatiques extrêmes, des pannes, les batteries anti-aériennes et les
« tueurs d’en face ». Tout comme Navarre ou Nungesser, il a bravé la
mort et a eu beaucoup de chance. Tous, sauf Fonck, seront blessés et parfois à
plusieurs reprises. L’exemple parfait est Nungesser et rares sont les pilotes
qui ne sont pas écartés du front pour convalescence.
En ce qui
concerne cette abnégation il est bon de souligner que la plupart des as qui
sont issus de l’infanterie, de l’artillerie ou de la cavalerie ont été reversé
dans l’aviation après avoir effectué des actions héroïques dans les tranchées.
En effet 50 % des 20 premiers as se sont distingués pendant les différentes
batailles.
Le militaire
Guynemer comme
beaucoup d’as de l’aviation de la Grande Guerre n’est pas un militaire de carrière,
il est volontaire. La presse souligne qu’il mène ses combats dans le seul but
de faire plaisir aux Poilus. Ses biographes, tout en faisant ressortir son
caractère individuel, mettent en avant sa haute conception du devoir. On va tenter
de le présenter comme un vrai chef militaire. On essaie de le positionner comme
un meneur d’hommes. En 1917, il est, soit disant, le plus jeune officier de la Légion d’Honneur. Entré
dans l’armée en tant que simple auxiliaire en 1915, il sera fait capitaine au
mois de mars 1917. C’est une carrière fulgurante, un militaire qui saute les
étapes et qui bouscule l’ordre naturel de l’avancement. Comme Guynemer, les as
ne seront pas pour la plupart des chefs militaires parce qu’ils mènent leur propre
guerre ; comme Guynemer ils sont solitaires et mènent leur propre combat.
Rares aussi sont ceux qui commanderont. Ils représentent un type de militaires
parfois incommandables, parfois insoumis. Comme Guynemer ils auront une
carrière rapide et brillante. A la fin de la guerre on va leur demander de
voler pour la victoire et non de voler pour leur victoire. Là encore, rien qui
puisse différencier Guynemer des as de l’aviation.
La
disparition
En ce qui
concerne sa disparition, on ne retrouvera rien du corps et du « Vieux
Charles », toutes les preuves matérielles ont été détruites. Le fait de ne
pas avoir retrouvé sa dépouille entraîne bien évidemment le mystère qui va
alimenter le mythe, la sanctification. Il va devenir ainsi l’exemple du grand
disparu, du héros qui est mort jeune.
Mais, la
disparition ils la connaîtront tous quasiment soit au cours de la guerre (39 %
des 30 premiers as), soit même après la guerre au cours de meetings. Cette fin
tragique n’est donc pas spécifique au héros.
Conclusion
Ainsi, si l’on
essaye de faire ressortir tous les traits significatifs qui peuvent
caractériser l’as « idéal » et pas seulement Guynemer, nous en
arrivons à cette liste de qualités présentées ci-dessous.
Après leurs
études, donc très jeunes, ils s’engagent directement dans l’aviation. Ils vont
mettre beaucoup de temps en école avant d’être considérés comme des pilotes
compétents. Il seront brevetés en 1914 ou en 1915 et vont obtenir rapidement
une première victoire. Ils restent longtemps dans la même escadrille tout au
long de leur carrière. Ils sont présents sur le front plus de deux ans et n’auront
pratiquement pas de temps d’absence. Leurs victoires sont obtenues sur des avions
et pas sur des ballons et la moyenne de victoires par mois est supérieure à
deux. Ils sont obsessionnels dans leur façon de préparer le vol et minutieux en
ce qui concerne le domaine technique : ce sont des pilotes d’essais. Ils
volent la plupart du temps en solitaires, aiment les longues traques et ne possèdent
pas spécialement les qualités du chef militaire. Ils meurent pour la plupart au
combat. Il est évident que tous les as ne possèdent pas l’ensemble de ses
qualités, mais ce qui caractérise Guynemer c’est qu’il les possède quasiment toutes.
Bibliographie sommaire
BATTESTI François, Les cigognes de Brocard au combat, Paris, La Pensée Universelle, 1975.
Le Spad de Guynemer en combat aérien
Aquarelle de Tiennick Kérével
Peintre de l'Air
www.kerevel.com/oeuvres.html
|
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