lundi 27 avril 2015

De la construction de l’as de l’aviation en tant que héros à la vérité historique : Guynemer et les pilotes de la Grande Guerre

Christian BRUN
Centre de Recherche de l'Armée de l'air (CReA), École de l'Air, 13 661, Salon Air, France

Le but de cette présentation est d’essayer de comprendre pourquoi Guynemer est devenu un héros dès la fin du premier conflit. Nous tenterons donc de faire ressortir les traits significatifs qui le différencient des autres as et plus globalement de l’ensemble des pilotes.
Cette présentation va donc suivre son parcours depuis son engagement jusqu’à sa disparition à travers les écrits et les témoignages. Il est en effet essentiel de décortiquer toutes les sources afin de comprendre comment les narrateurs ont construit et consolidé une figure mythique. Nous ne retiendrons ici que les caractéristiques, les qualités qui ont été utilisés par l’ensemble des écrivains. Ensuite, nous les comparerons avec celles des autres as de l’aviation, à savoir les pilotes qui ont obtenu au moins 5 victoires aériennes (effectif de 140 personnes). Enfin, nous tenterons de comparer ces éléments constitutifs avec ceux des simples pilotes de la guerre, c'est-à-dire ceux qui ont obtenu moins de 5 victoires (population de 1500 personnes tirée d’un fichier détenu par le Service Historique de la Défense). Nous allons donc nous appuyer sur les caractéristiques du héros et des as afin de vérifier si elles peuvent être appliquées à l’ensemble des pilotes.

Nieuport attaquant un Drachen
Peinture de Tiennick Kérével
Peintre de l'Air
www.kerevel.com/oeuvres.html

vendredi 24 avril 2015

L’Ecole de l’Air doit posséder de puissants moyens d’instruction

Il y aurait intérêt à ce que les programmes soient allégés et le standing de la direction technique accru
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Christian BRUN
Centre de Recherche de l'Armée de l'air (CReA), École de l'Air, 13 661, Salon Air, France

Nous proposons aux lecteurs cet article paru dans la revue Les Ailes, N° 768 du 5 Mars 1936. La première promotion de l’Ecole de l’Air a rejoint Les Petites Ecuries à Versailles à l’automne de l’année précédente. L’accent est mis ici sur le retard mis par les entrepreneurs à Salon-de-Provence, sur le choix de Versailles et sur les conséquences de ce choix sur la qualité des cours et sur la disponibilité des enseignants. L’auteur déplore également l’absence parmi les personnels de la direction de l’école d’un ingénieur d’un grade élevé ou d’un technicien reconnu.
 
Promotion 1935 de l'Ecole de l'Air à Versailles

jeudi 16 avril 2015

L’École de l’Air pendant la Deuxième Guerre mondiale : de Salon à Marrakech (4)

Les anciens élèves ont la parole :
la promotion 1944 AFN « Lieutenant Charles De Tedesco »

Christian BRUN, Guillaume MULLER, Yousra OUIZZANE
Centre de Recherche de l'Armée de l'air (CReA), École de l'Air, 13 661, Salon Air, France

Pendant que la promotion 1943 AFN « transpire des ailes », aux USA, deux classes préparatoires au concours de l’École de l’air sont mises en place : la première à Miliana près d’Alger, la seconde à Casablanca au Maroc. Après une sélection portant sur 300 candidats, 24 sont admis pour intégration dans la nouvelle promotion. Comme pour la précédente, le voyage en train jusqu’à Marrakech est le passage obligé pour tous ces futurs « poussins » et il se fait également dans des conditions spartiates. Les élèves, entassés dans des wagons à bestiaux, couchent sur le plancher à claires-voies avec tout leur paquetage. Ils sont accompagnés de légionnaires. De nombreux arrêts scandent le voyage et cassent la monotonie et la lenteur d’une machine qui a beaucoup de mal à tirer ses wagons. Pendant trois jours ces drôles de voyageurs visitent la plaine de Chélif, la Mitidja, la plaine d’Oujda, et arrivent enfin à la frontière marocaine. El Aïoun, Taourirt, Guercif, autant de « capitales » qui sont alors traversées en terre chérifienne. Pendant ce voyage, les futurs élèves tuent le temps, en discutant et en échangeant avec la population locale ou en achetant quelques produits de bouche. La suite du voyage jusqu’à l’École est très calme et sans incident.

Entraînement au tir à la mitrailleuse photo sur Morane-Saulnier

mardi 7 avril 2015

Témoignages de femmes engagées dans l’Armée de l’Air (1942-1945) Partie 3 : Entre déception et fierté

Christian BRUN
Centre de Recherche de l'Armée de l'air (CReA), École de l'Air, 13 661, Salon Air, France

Un message pour toutes les femmes volontaires

Ces femmes, 40 ans après restent partagées entre la déception et la fierté.

Il y a beaucoup d’amertume, d’écœurement et parfois de colère dans les propos de ces femmes lorsqu’elles expliquent la sortie du conflit et les différentes politiques menées sur leur statut[1]. Elles s’expriment toujours très franchement, avec honnêteté. Elles parlent d’espoirs déçus[2], d’utilisation abusive, de marques de mépris et d’oubli[3]. Si elles gardent d’excellents souvenirs du travail effectué, elles sont déçues par les prises de décision qui ont marquées cette période[4]. Déçues tout d’abord par le « semblant de statut » qui leur a été proposé. Déçues également par le système d’avancement et de promotion mis en place à partir de la fin du conflit[5]. Déçues ensuite parce qu’ayant les mêmes droits et les mêmes obligations que les hommes elles n’avaient pas la même solde[6]. Déçues enfin et surtout par le manque de reconnaissance et les injustices constatées lors de l’attribution des médailles[7].


Le Bureau des Opérations Aériennes (Partie 2)

Le fonctionnement du BOA
Dominique Schmidt

Les actions du Bureau des Opérations Aériennes

Recherche de terrains et équipes

La priorité des officiers du BOA est la recherche d’équipes et de terrains répondant aux conditions fixées par la RAF. Les premières équipes sont proposées aux Officiers d’Opération par les chefs des Mouvements (Libération-Nord, Ceux de la Libération, Ceux de la Résistance, Turma-Vengeance, OCM).


mercredi 1 avril 2015

Témoignages de femmes engagées dans l’Armée de l’Air (1942-1945) Partie 2 : Difficultés d'intégration

Christian BRUN
Centre de Recherche de l'Armée de l'air (CReA), École de l'Air, 13 661, Salon Air, France

Les difficultés

La place et le rôle que ces femmes pensent avoir tenu tout au long du conflit.

Lorsque l’on interroge ces femmes sur le travail qu’elles ont accompli, elles parlent tout d’abord des qualités humaines de leurs camarades et vantent un grand professionnalisme. C’est toujours avec la volonté de défendre le rôle qu’elles ont tenu lors des opérations qu’elles s’expriment. Elles font ressortir les compétences qu’elles ont déployées tout au long de ce conflit en les comparant souvent à celles des hommes. Elles font état de ce courage remarquable dont elles ont fait preuve. Elles parlent de cran extraordinaire qui les rendait plus aptes que les hommes à mener certaines actions[1]. Elles soulignent l’esprit de dévouement et d’idéal qui les animait et qui les rendait plus travailleuses, plus résistantes que leurs collègues masculins. La camaraderie est également une qualité importante qu’elles soulignent, en mentionnant qu’il n’y avait aucune mesquinerie et qu’à l’inverse des hommes, il n’existait pas, chez elles, de compétition[2]. Elles parlent d’une ambiance qu’elles n’ont jamais rencontrée ailleurs, d’un esprit d’équipe excellent parce qu’il y avait une « égalité sous l’uniforme ».