Christian BRUN
Centre de Recherche de l'Armée de l'air (CReA), École de
l'Air, 13 661, Salon Air, France
Ces
trois petits articles écrits en 1933 pour les deux premiers et en 1938 pour le
dernier, dans le journal "Les Ailes" montrent que le positionnement
de l’Ecole de l’air à Salon-de-Provence avait ses détracteurs même après
l'arrivée des premières promotions. En effet, certains chroniqueurs n’hésitaient
pas à écorcher la municipalité de l’époque et bien évidemment à s’appuyer sur
les difficultés matérielles et pédagogiques rencontrées pour avancer leur
opposition à la venue de l’Ecole à Salon. Cette opposition sera à nouveau à
l'ordre du jour après la Seconde Guerre mondiale lorsqu'il faudra choisir entre Paris (16ème arrondissement), Versailles, Chambéry ou
Salon-de-Provence. Ainsi, pendant une dizaine d'années et malgré les volontés
et les décisions ministérielles, la ville provençale a toujours dû batailler
afin de conserver la prestigieuse Ecole en mettant en avant le climat et bien
évidemment la proximité des universités et de la base aérienne d'Istres.
Courants d’air
Les Ailes n°643 du 12 octobre 1933 page 4
C’était
fatal : le Ministère rencontre des difficultés à Salon-de-Provence où doit
être construite l’Ecole de l’Air. La municipalité avait fait de belles
promesses ; sans doute est-elle disposée à les tenir. Mais il en est qui,
n’ayant rien promis, se font entendre aujourd’hui : ce sont les
propriétaires des terrains. Au fur et à mesure des pourparlers, les prétentions
de ces messieurs sont exorbitantes. L’Etat se trouve en présence d’un véritable
syndicat qu’il ne fera pas fléchir aisément. Il en est toujours ainsi. On l’a
bien vu lorsqu’il s’est agit d’aménager un champ de tir aérien ou bien
lorsqu’il a fallu agrandir les pistes de l’Ecole d’Istres. Mais l’Air semble
disposé à se défendre. C’est, du reste, notre argent qu’il défend. Il dispose
d’une arme : l’abandon de Salon-de-Provence.
Courants d’air
Les Ailes n°644 du 19 octobre 1933 page 11
Complétons
ce que nous écrivions jeudi dernier sur l’installation de l’Ecole de l’Air à
Salon-de-Provence.
Le
Ministre de l’Air est décidé, croyons-nous, à hâter la solution du problème que
nous avons évoqué. La semaine dernière, une lettre est partie de la rue
Saint-Didier à destination du Maire de Salon en lui rappelant que la Municipalité de la
sympathique petite ville s’était engagée à obtenir, dans le délai d’un an, la
mise à la disposition de l’Air de tous les terrains privés nécessaires à
l’installation de l’Ecole.
Nous
avons dit comment les prétentions exorbitantes des propriétaires s’opposaient à
l’opération et l’empêchaient d’aboutir.
Les
terrains nécessaires à l’aménagement des pistes – sauf une – sont acquis. C’est
le terrain de la dernière piste qui reste à acquérir.
Le
Ministère de l’Air sous l’impulsion de M. Pierre Cot, prend peu à peu – et
enfin – l’habitude de savoir ce qu’il veut. Si Salon-de-Provence tergiverse et
ne peut donner à la question en cours une solution rapide et satisfaisante,
l’Air est bien décidé à ne pas laisser retarder la réalisation de son programme
par la négligence de quelques-uns et le lucre de quelques autres. Il passera
outre et ira s’installer ailleurs.
Et
il aura raison.
La formation des cadres
L’Ecole de l’Air ne doit pas aller à Salon-de-Provence
Les Ailes n°893 du 28 juillet 1938 page 11
Le
transfert à Salon-de-Provence de l’Air est une erreur qui aura les plus graves
conséquences si l’on y persiste.
En
ce qui concerne l’instruction des techniciens, voici quelques arguments contre
le transfert à Salon.
1°
Grandes difficultés pour obtenir le matériel d’instruction qui est prêté par
les maisons civiles.
2°
les très nombreuses visites d’usines faites par les élèves officiers
mécaniciens et électriciens deviendront, dans la plupart des cas, impossibles.
3°
Le recrutement des moniteurs et spécialistes civils pour les travaux pratiques
sera très difficile.
4°
Le recrutement des instructeurs et professeurs volontaires pour une région
éloignée où il est malaisé de se loger et de veiller à l’éducation de ses
enfants ne sera pas aisé. Or, il est désastreux d’imposer de telles fonctions à
des non volontaires.
5°
l’isolement des instructeurs et des professeurs qui suivent à Paris de
nombreuses conférences techniques pour la mise à jour de leur enseignement, et
l’ambiance défavorable de Salon-de-Provence pour leur culture technique, auront
les plus fâcheuses répercussions.
En
conséquence, on peut estimer que le transfert de l’Ecole de l’Air à Salon
réduira de moitié l’ensemble des moyens d’instruction.
En
ce qui concerne le personnel navigant, peu d’intérêt s’attache au transfert de
l’Ecole de l’Air à Salon. Le terrain, un peu plus abrité contre le mistral que
l’ensemble du couloir provençal, est dans une légère cuvette humide, parfois
inondée.
Il
serait normal de ne pas faire de l’Ecole de l’Air un monstre à cinq têtes
(Rochefort, Versailles, Istres, Salon, etc.), mais de laisser à
Versailles-Salon ou Versailles-Orléans, ou Versailles-Avord, son indépendance
et un visage comparable à celui de l’Ecole Navale.
A
Versailles, on devrait créer une Ecole d’Officiers techniques de l’Air
(ingénieurs militaires : mécaniciens moteur et avion, radio-électriciens
des transmissions, etc.).
Il y
a assez de place pour former cette catégorie, si le P.N. est éduqué ailleurs.
L.C.
Lettre envoyée par M. Marcel Gros à Edouard Daladier afin que celui-ci intervienne pour le positionnement définitif de l'Ecole de l'Air à Salon-de-Provence.
Réponse d'Edouard Daladier à M. Marcel Gros
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