Présentation
du B.O.A.
Dominique SCHMIDT
Les opérations aériennes
Vers le milieu de l’année 1940,
Churchill imagine un nouveau service secret dont le rôle serait de
« mettre le feu » à l’Europe. Il crée le SOE (Spécial Opérations
Executive). L’objectif : armer et organiser des groupes de résistance
intérieure, en vue de déstabiliser les pays occupés par les nazis. Pendant un
an, la section F (France) mène des opérations sur le territoire, à l’insu des
Français Libres et du régime de Vichy.
En mai 1941, comprenant la nécessité de coopérer avec les services secrets du Général de Gaulle, le SOE crée une deuxième section française, la section RF, totalement indépendante de la section F, destinée à travailler avec le service de renseignement dirigé par Passy (le SR, futur BCRA).
A partir de ce moment, la section
RF du SOE, sera un intermédiaire obligé entre la France-Libre et les services
anglais, pour toutes les opérations aériennes sur la France métropolitaine,
comme pour toutes les transmissions radio.
Les opérations parachutages et
atterrissages seront pratiquement toutes réalisées par les avions des groupes
138 et 161 de la RAF (Lysander, Hudson, Halifax, Wellington), opérant à partir
de l’aérodrome de Tempsford, ou de celui de Tangmere, plus proche des côtes
françaises.
C’est dans ce contexte, qui place
les services gaullistes sous la dépendance de Churchill, que les Officiers
d’Opérations du BCRA vont être formés et homologués, selon des techniques
britanniques adaptées par le Capitaine Bergé. Sous son commandement, la 1èreCompagnie
d’Infanterie de l’Air, fournira les premiers parachutistes du BCRA.
Brevet parachutiste à Ringway
(obligatoire), formations spécifique d’armement, sabotage, close-combat, à
Inchmery, ces agents, triés sur le volet, ont appris à vivre dans la
clandestinité, à faire atterrir de petits avions sur des terrains de fortune et
à guider des parachutages, à coder et décoder des messages, à répondre à des
interrogatoires, jusqu’à l’usage de la petite capsule de cyanure qui vous
terrasse en quelques secondes.
L’origine du BOA
Lorsqu’il revient de Londres,
parachuté dans la nuit du 1er janvier 1942, accompagné de Raymond
Fassin (Sif) et Joseph Monjaret, Jean Moulin (Rex) est investi d’une mission
plutôt politique, mais il doit aussi apporter aux grands mouvements de
résistance de la Zone-Sud, un appui militaire, de l’argent et des armes. Il va
confier cette tâche à ses « Officiers d’Opération » : Fassin,
Monjaret, puis Schmidt, Ayral, Deshayes, Pichard…
Sif est mis à disposition du
mouvement « Combat ». Jean Moulin réclame à Londres, pour le
mouvement « Libération-Sud », un jeune officier qu’il y a rencontré
pendant son séjour : Paul Schmidt (Kim),parachuté au début du mois de juin
42 avec Gérard Brault (Kim W), son radio. Plus tard, Rex confie à Joseph
Monjaret, qui prend alors le nom de Frit, les opérations du mouvement
« Franc-Tireur ».
A la fin de l’année 1942, lorsque
ces trois mouvements se rapprochent pour constituer les Mouvements Unis de
Résistance (MUR) et l’Armée Secrète, organisés en 6 grandes régions militaires,
Jean Moulin décide de créer un Service des Opérations Aériennes et Maritimes
(SOAM), coordonné par Sif. Chaque Officier d’Opération est désormais
responsable des opérations pour deux régions, tous mouvements confondus
(Sifpour R1 Lyon et R2 Marseille – Frit pour R3 Montpellier et R4 Toulouse, Kim
pour R5 Limoges et R6 Clermont-Ferrand).
Dans la nuit du 25 au 26 juillet
1942, Kim accueille un nouvel Officier d’Opération, parachuté près de
Montluçon : Jean Ayral (Pal) avec son radio François Briant (Pal W), et
Daniel Cordier.
Pal doit se mettre à disposition
du mouvement « Libération-Nord », mais ses contacts seront perdus.
En Décembre 1942, Pierre Deshayes
(Rod) est déposé dans l’Indre, par un Lysander. Rex l’envoie prendre des
contacts avec les mouvements du Nord de la France. Peu après, Rex demande à
Jean Ayral de se rendre à Paris auprès
de Frédéric Manhès, et d’y prospecter en vue d’organiser des opérations en
Zone-Nord. Enfin, le 6 Janvier 1943, Michel Pichard (Pic) est débarqué sur une
plage du Finistère pour apporter son aide à la Confrérie Notre Dame. Il sera en
fait, au service de l’Organisation Civile et Militaire (OCM).
Début 1943, Passy est en mission
à Paris. Il envisage la création d’un grand service national des opérations
aériennes, mais il faudra attendre le retour de Jean Moulin, bloqué à Londres
par le mauvais temps, pour en décider. Mais Jean Moulin préfère maintenir le
service de Zone-Sud qui fonctionne bien (SOAM, puis COPA, puis SAP), et créer un service identique en Zone-Nord.
Il en charge Pal à qui il adjoint Kim. On est dans la deuxième
moitié du mois de mars 1943.
La Zone-Nord est découpée en 6 régions :
Au Nord la région A (Arras) confiée à Rod – à l’Ouest les régions B (Bordeaux)
et M (Le Mans), confiées à Kim – au Centre la région P (Paris) échoit à Pal, et
à l’Est les régions C (Chalons/Marne) et D (Dijon) sont gérées par Pic. Ces
quatre Officiers-là sont des amis, issus de la formation d’Inchmery, où ils
étaient ensemble, fin 1941.Kim, le plus âgé, n’a que 25 ans !
Une note de service, rédigée par
Kim et Pal, approuvée par Rex, les Officiers d’Opération et chefs des
mouvements de Zone-Nord, (à l’exception des groupes FTP), règle le
fonctionnement du BOA.
Sous l’autorité de
Rex, Pal est Chef National.
Les équipes de
parachutages qui fonctionnent déjà passeront sous le commandement du BOA.
Les armes reçues seront
stockées et inventoriées.
L’inventaire sera
transmis par le Chef National du BOA à l’Etat-Major de l’Armée Secrète qui
décidera de leur répartition en accord avec Rex.
Le Chef National du
BOA aura l’exclusivité des contacts avec les Chefs des Mouvements (après une
période de transition).
A côté du BOA et de la SAP, il existe encore
quelques organisations indépendantes qui, avec des Officiers envoyés de
Londres, réalisent directement des opérations pour le compte du BCRA, mais peu
à peu, toutes intègreront le BOA. Et puis, la section F du SOE organise aussi,
mais indépendamment, des opérations pour le compte de ses propres réseaux,
désignés sous le nom de : « Buckmaster ».
Documentation :
MRD FOOT,
Michael Richard Daniell, CREMIEUX-BRILHAC, Jean-Louis, Des anglais dans la Résistance, Taillandier, 2011.
PICHARD,
Michel, L’espoir des Ténèbres, ERTI, 1990.
REYES-AYRAL,
Xavier, Héroïsme, l’Harmattan, 2013.
VERITY,
Hugh, Nous atterrissions de nuit, Vario,
2004.
A travers cet article on ne voit pas bien comment a été créé le BOA.
RépondreSupprimerEn gros : en avril 1943, Jean Moulin à décidé de créér en zone nord, un service des opérations aériennes comme celui qu'il avait déjà créé en zone sud, le SOAM. Il a confié à Jean Ayral la charge de mettre les choses en forme. Avec l'aide de Paul Schmidt qui venait du SOAM, Jean Ayral à rédigé une note constitutive du service (attributions, fonctionnement), et lui a donné le nom de BOA. Cette note à été soumise aux parties prenantes (BCRA, chefs des mouvements, Armée Secrète), qui l'ont approuvée.
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