mercredi 25 mars 2015

Le Bureau des Opérations Aériennes (Partie 1)

Présentation du B.O.A.

Dominique SCHMIDT

 Les opérations aériennes

Vers le milieu de l’année 1940, Churchill imagine un nouveau service secret dont le rôle serait de « mettre le feu » à l’Europe. Il crée le SOE (Spécial Opérations Executive). L’objectif : armer et organiser des groupes de résistance intérieure, en vue de déstabiliser les pays occupés par les nazis. Pendant un an, la section F (France) mène des opérations sur le territoire, à l’insu des Français Libres et du régime de Vichy.

 


En mai 1941, comprenant la nécessité de coopérer avec les services secrets du Général de Gaulle, le SOE crée une deuxième section française, la section RF, totalement indépendante de la section F, destinée à travailler avec le service de renseignement dirigé par Passy (le SR, futur BCRA).
A partir de ce moment, la section RF du SOE, sera un intermédiaire obligé entre la France-Libre et les services anglais, pour toutes les opérations aériennes sur la France métropolitaine, comme pour toutes les transmissions radio.
Les opérations parachutages et atterrissages seront pratiquement toutes réalisées par les avions des groupes 138 et 161 de la RAF (Lysander, Hudson, Halifax, Wellington), opérant à partir de l’aérodrome de Tempsford, ou de celui de Tangmere, plus proche des côtes françaises.
C’est dans ce contexte, qui place les services gaullistes sous la dépendance de Churchill, que les Officiers d’Opérations du BCRA vont être formés et homologués, selon des techniques britanniques adaptées par le Capitaine Bergé. Sous son commandement, la 1èreCompagnie d’Infanterie de l’Air, fournira les premiers parachutistes du BCRA.
Brevet parachutiste à Ringway (obligatoire), formations spécifique d’armement, sabotage, close-combat, à Inchmery, ces agents, triés sur le volet, ont appris à vivre dans la clandestinité, à faire atterrir de petits avions sur des terrains de fortune et à guider des parachutages, à coder et décoder des messages, à répondre à des interrogatoires, jusqu’à l’usage de la petite capsule de cyanure qui vous terrasse en quelques secondes.

L’origine du BOA

Lorsqu’il revient de Londres, parachuté dans la nuit du 1er janvier 1942, accompagné de Raymond Fassin (Sif) et Joseph Monjaret, Jean Moulin (Rex) est investi d’une mission plutôt politique, mais il doit aussi apporter aux grands mouvements de résistance de la Zone-Sud, un appui militaire, de l’argent et des armes. Il va confier cette tâche à ses « Officiers d’Opération » : Fassin, Monjaret, puis Schmidt, Ayral, Deshayes, Pichard…
Sif est mis à disposition du mouvement « Combat ». Jean Moulin réclame à Londres, pour le mouvement « Libération-Sud », un jeune officier qu’il y a rencontré pendant son séjour : Paul Schmidt (Kim),parachuté au début du mois de juin 42 avec Gérard Brault (Kim W), son radio. Plus tard, Rex confie à Joseph Monjaret, qui prend alors le nom de Frit, les opérations du mouvement « Franc-Tireur ».
A la fin de l’année 1942, lorsque ces trois mouvements se rapprochent pour constituer les Mouvements Unis de Résistance (MUR) et l’Armée Secrète, organisés en 6 grandes régions militaires, Jean Moulin décide de créer un Service des Opérations Aériennes et Maritimes (SOAM), coordonné par Sif. Chaque Officier d’Opération est désormais responsable des opérations pour deux régions, tous mouvements confondus (Sifpour R1 Lyon et R2 Marseille – Frit pour R3 Montpellier et R4 Toulouse, Kim pour R5 Limoges et R6 Clermont-Ferrand).
Dans la nuit du 25 au 26 juillet 1942, Kim accueille un nouvel Officier d’Opération, parachuté près de Montluçon : Jean Ayral (Pal) avec son radio François Briant (Pal W), et Daniel Cordier.
Pal doit se mettre à disposition du mouvement « Libération-Nord », mais ses contacts seront perdus.
En Décembre 1942, Pierre Deshayes (Rod) est déposé dans l’Indre, par un Lysander. Rex l’envoie prendre des contacts avec les mouvements du Nord de la France. Peu après, Rex demande à Jean Ayral  de se rendre à Paris auprès de Frédéric Manhès, et d’y prospecter en vue d’organiser des opérations en Zone-Nord. Enfin, le 6 Janvier 1943, Michel Pichard (Pic) est débarqué sur une plage du Finistère pour apporter son aide à la Confrérie Notre Dame. Il sera en fait, au service de l’Organisation Civile et Militaire (OCM).
Début 1943, Passy est en mission à Paris. Il envisage la création d’un grand service national des opérations aériennes, mais il faudra attendre le retour de Jean Moulin, bloqué à Londres par le mauvais temps, pour en décider. Mais Jean Moulin préfère maintenir le service de Zone-Sud qui fonctionne bien (SOAM, puis COPA, puis SAP),  et créer un service identique en Zone-Nord. Il en charge Pal  à  qui il adjoint Kim. On est dans la deuxième moitié du mois de mars 1943.
La Zone-Nord est découpée en 6 régions : Au Nord la région A (Arras) confiée à Rod – à l’Ouest les régions B (Bordeaux) et M (Le Mans), confiées à Kim – au Centre la région P (Paris) échoit à Pal, et à l’Est les régions C (Chalons/Marne) et D (Dijon) sont gérées par Pic. Ces quatre Officiers-là sont des amis, issus de la formation d’Inchmery, où ils étaient ensemble, fin 1941.Kim, le plus âgé, n’a que 25 ans !
Une note de service, rédigée par Kim et Pal, approuvée par Rex, les Officiers d’Opération et chefs des mouvements de Zone-Nord, (à l’exception des groupes FTP), règle le fonctionnement du BOA.

Sous l’autorité de Rex,  Pal est Chef  National.
Les équipes de parachutages qui fonctionnent déjà passeront sous le commandement du  BOA.
Les armes reçues seront stockées et inventoriées.
L’inventaire sera transmis par le Chef National du BOA à l’Etat-Major de l’Armée Secrète qui décidera de leur répartition en accord avec Rex.
Le Chef National du BOA aura l’exclusivité des contacts avec les Chefs des Mouvements (après une période de transition).

A côté du BOA et de la SAP, il existe encore quelques organisations indépendantes qui, avec des Officiers envoyés de Londres, réalisent directement des opérations pour le compte du BCRA, mais peu à peu, toutes intègreront le BOA. Et puis, la section F du SOE organise aussi, mais indépendamment, des opérations pour le compte de ses propres réseaux, désignés sous le nom de : « Buckmaster ».

Documentation :

MRD FOOT, Michael Richard Daniell, CREMIEUX-BRILHAC, Jean-Louis, Des anglais dans la Résistance, Taillandier, 2011.
PICHARD, Michel, L’espoir des Ténèbres,  ERTI, 1990.
REYES-AYRAL, Xavier, Héroïsme, l’Harmattan, 2013.
VERITY, Hugh, Nous atterrissions de nuit, Vario, 2004.

2 commentaires:

  1. A travers cet article on ne voit pas bien comment a été créé le BOA.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Schmidt dominique30 novembre 2015 à 21:28

      En gros : en avril 1943, Jean Moulin à décidé de créér en zone nord, un service des opérations aériennes comme celui qu'il avait déjà créé en zone sud, le SOAM. Il a confié à Jean Ayral la charge de mettre les choses en forme. Avec l'aide de Paul Schmidt qui venait du SOAM, Jean Ayral à rédigé une note constitutive du service (attributions, fonctionnement), et lui a donné le nom de BOA. Cette note à été soumise aux parties prenantes (BCRA, chefs des mouvements, Armée Secrète), qui l'ont approuvée.

      Supprimer