Le 1er
janvier 1942, à 15h45, trois hommes attendent sur un terrain d’aviation dans le
Suffolk. Nous sommes sur le terrain de Stradishall, ils revêtent leur
combinaison de parachutiste, ils vont enfin s’envoler vers la France. Qui sont ces
trois hommes ? Le premier est Jean Moulin, de Gaulle l’a chargé d’unifier
les mouvements de résistance. Le deuxième est Raymond Fassin, il est l’officier
de liaison. Le dernier est Hervé Monjaret, il est le radio. Ce sera un parachutage
blind c'est-à-dire sans comité de
réception, une opération au clair de lune. L’avion dans lequel ils vont
embarquer est un « Whitley », le numéro Z 9125. C’est à son bord que
les trois hommes vont faire le grand saut sur les Alpilles. Le feu vert est donné,
harnachés, ils s’envolent exactement à 16h20. A 16h30, ils atterrissent à Saint
Eval pour faire le plein de carburant. Le patron de la base, le « Group Captain
Bentley », donne l’ordre de décoller à 20h45, l’aventure peut commencer. Les
hommes voient défiler les lampes de la piste de plus en plus vite, puis
l'appareil décolle. Ils se regardent en silence et lorsqu’ils se retournent,
ils aperçoivent le dispatcher, le « wing commander Benham ». Très
vite, ils arrivent sur la
Manche qu’ils survolent à faible altitude. C'est alors que
Moulin leur fait part de la destination : ils vont en Provence. Il leur donne
ses dernières instructions : une fois au sol, ils doivent se retrouver près de
lui et enterrer le poste émetteur. Pour se reconnaître, ils siffleront un air
connu. Les consignes données, les trois compagnons attendent. Ils traversent la Manche aux ras des flots,
puis lorsque les côtes françaises apparaissent, l’avion prend de l’altitude.
Soudain, les canons de la Flak
se mettent à crépiter et les projecteurs se mettent en action ; les obus
éclatent autour de l’avion. D’un coup, il pique vers la terre, le pilote a fait
une manœuvre pour éviter d’être pris dans le faisceau d’un projecteur. Plus de
peur que de mal, l’avion continue. La ligne dangereuse est maintenant dépassée.
La route se poursuit, mais apparemment l’avion n’a pas pris la bonne direction car
il va survoler Cherbourg et Saint-Nazaire. Il se dirige alors vers les
Pyrénées, vire au dessus de Perpignan puis met le cap sur les Alpilles. A une
heure du matin, le dispatcher réveille
Jean Moulin, le largage est prévu dans peu de temps. Il est deux heures lorsque
le pilote arrive sur la zone. Moulin se lève et se met en position. La trappe
est ouverte et la lumière rouge s’allume. Les minutes s'écoulent, et l'ordre de
sauter ne vient pas : le navigateur ne trouve pas la zone de largage. Le dispatcher demande à Moulin de retirer
ses pieds de la trappe et d'attendre. Le Whitley vole maintenant très bas. Au
bout de 30 minutes, ils se préparent à nouveau, car le pilote a annoncé qu’il
était au dessus de l’objectif, c'est-à-dire à 4 km à l’est d’Eygalières, la lumière
rouge est allumée. Debout, Fassin et Monjaret attendent le signal. La lumière
clignote et s'éteint pour faire place au feu vert : c'est le GO libérateur. Le pilote avait annoncé
« it’s exactly the point » et pourtant ils vont atterrir à 20 km du lieu prévu, non loin
de Fontvieille. C’est Moulin qui a sauté en premier. Les parachutes descendent
dans la nuit. Les trois hommes partent à la rencontre de leur destin, l’Histoire
peut alors commencer.
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Armstrong-Withworth "Whitley"
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Christian BRUN
Centre de Recherche
de l’Armée de l’air (CReA), École de l’Air, 13 661, Salon Air, France