Guillaume
MULLER
Centre
de Recherche de l'Armée de l'air (CReA), École de l'Air, 13 661, Salon Air,
France
L’été 1939,
comme l’été 1914, est caractérisé par de fortes tensions en Europe, notamment à
cause de la question du corridor de Dantzig. Malgré l’illusion de Munich
l’année précédente, personne n’est vraiment dupe quant à la menace de guerre qui
plane à nouveau sur le Vieux Continent.
Avant d’en
arriver à la mobilisation générale, le recrutement devient primordial, en
particulier pour l’armée de l’air qui a besoin de personnels spécialisés,
qu’ils soient navigants ou mécaniciens. Acteur majeur de la presse spécialisée
sur les questions aéronautiques, la revue Les
Ailes soutient l’armée de l’air dans son effort de recherche de vocations.
Il s’agit de trouver les arguments capables de convaincre et de persuader la
jeunesse française à embrasser la carrière d’aviateur.
L’appel
retranscrit ci-dessous figure en une du n°949 de la revue, paru le 24 août 1939.
Le 1er septembre, l’Allemagne déclarera la guerre à la Pologne. Le 3, la France et la Grande-Bretagne
déclareront la guerre à l’Allemagne. Cet appel à l’engagement est accompagné de
la présentation de deux écoles emblématiques de l’armée de l’air, l’Ecole de
l’Air de Salon de Provence et l’Ecole d’Istres, qui forment respectivement les
officiers et les sous-officiers du personnel navigant.
« JEUNES FRANÇAIS
L'Armée de l'Air vous appelle !
L’Armée de l’Air, qui est actuellement en pleine renaissance, fait appel
à l’élite de la jeunesse française et lui offre la plus belle, la plus moderne
des carrières : la carrière d’aviateur.
N’avoir guère plus de vingt ans et piloter souverainement un avion de
chasse de 1.000 CV., ou un avion de bombardement multimoteur, c’est-à-dire une
machine prodigieuse par sa souplesse et sa puissance, donne des joies dont
aucun homme ne se lasse lorsqu’il les a goûtées.
Voler comme mitrailleur, être gardien de la sécurité de l’équipage, avoir
la certitude que toutes les prouesses sont possibles dans le champ illimité du
ciel, procure toujours une légitime fierté.
Apprendre à connaître à fond les étonnants mystères de la
radioélectricité, puis mettre son art en pratique dans un avion comme
radiotélégraphiste, c’est participer intimement à la vie extraordinaire de
l’équipage aérien.
Devenir mécanicien d’élite en étudiant des machines et des appareils que
nous trouvons partout dans la vie est déjà un véritable bienfait, car c’est
apprendre le métier qui libère l’homme en le rendant maître de sa destinée.
Mais apprendre ce métier gratuitement, dans des écoles luxueusement
installées, avec des professeurs sélectionnés et d’après les méthodes les plus
modernes, est une aubaine d’un prix inestimable.
Voilà, en tout premier lieu, ce que l’Armée de l’Air offre à la Jeunesse française.
Ce n’est pas tout. Des biens aussi précieux que les joies de voler et
d’apprendre viennent encore s’ajouter.
Et d’abord, les joies d’une vie agréable, saine et sportive, sous une
discipline ferme, certes, mais qui ne cesse jamais d’être paternelle et juste.
La vive, l’attachante camaraderie, née des espoirs et des dangers vécus en
commun ; qui inspire vraiment tous les aviateurs n’est pas non plus à
dédaigner. Elle donne à la vie militaire une grande chaleur.
L’Armée de l’Air offre ensuite la joie supérieure que procure toujours la
mission dévolue par la Patrie
à ses défenseurs.
Or, l’Aviateur est le premier rempart de la France. Les conditions de sa
vie propre font de lui un homme exceptionnel dans lequel s’allient l’attrait
sportif du métier, le courage et la résolution que donne la vie quotidienne de
l’air.
Nous pouvons donc dire aux jeunes Français qui nous lisent :
Vos aînés vous ont ouvert la voie. Ils ont fait, avec leur patience, leur
foi et leur courage, la grandiose Armée de l’Air qui vous appelle aujourd’hui.
Elle vous offre la plus vivante des carrières…
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