Christian BRUN
Centre de Recherche de l’Armée de l’air (CReA), École de l’Air, 13 661, Salon Air, France
Centre de Recherche de l’Armée de l’air (CReA), École de l’Air, 13 661, Salon Air, France
Il est parfois des réussites techniques qui ne traversent pas l’histoire pour des raisons liées à des obstacles politiques, sociaux, culturels voire psychologiques et pas spécialement à des barrières scientifiques interdisant des avancées significatives.
Ainsi, lorsque l’on se penche sur l’histoire des drones, il est
certes courant de lire que la fin du XIXème siècle et le début du
siècle suivant ont vu la naissance de toutes les idées et expérimentations
concernant la stabilisation et le contrôle du plus lourd que l’air, ainsi que
la transmission des commandes, c'est-à-dire de toutes les technologies
indispensables dans la conception finale d’un engin piloté sans l’intervention
de l’homme. Il est également courant de faire remonter les avancées les plus
significatives, dans ce domaine, au boom technologique de l’après Seconde Guerre
mondiale et particulièrement à la guerre du Vietnam. En revanche, il est
beaucoup plus rare de voir mentionnés, dans les ouvrages de vulgarisation ou
même dans les revues scientifiques spécialisées, les premières expériences, les
premiers vols réalisés par le capitaine Max Boucher.
Pourquoi l’histoire a-t-elle oublié que, dès 1914, Max Boucher décide d’expérimenter les premiers stabilisateurs sur un avion. Ces expériences seront alors interrompues par les autorités en juillet de cette même année. Comment a-t-on pu également oublier les premiers vols sur un kilomètre, sans personne à bord, réussis à Avord par ce même Max Boucher en juillet 1917 ? Suite à cette réussite il sera poussé à la démission de son poste de directeur de l’école d’aviation.
Pourquoi l’histoire a-t-elle oublié que, dès 1914, Max Boucher décide d’expérimenter les premiers stabilisateurs sur un avion. Ces expériences seront alors interrompues par les autorités en juillet de cette même année. Comment a-t-on pu également oublier les premiers vols sur un kilomètre, sans personne à bord, réussis à Avord par ce même Max Boucher en juillet 1917 ? Suite à cette réussite il sera poussé à la démission de son poste de directeur de l’école d’aviation.
Pourquoi encore
ce silence autour de l’expérience menée en mars 1918 à Mondésir, où, toujours
sous la direction du capitaine Boucher, on démontre qu’un avion sur une courte
distance peut décoller, faire un vol et atterrir sans l’intervention du pilote
à bord. Pourquoi l’histoire n’a-t-elle pas retenu, que cette même année,
le 14 septembre, sur l’aérodrome de Chicheny, un avion manœuvré à distance a
effectué un vol de 100
kilomètres pendant une heure et cinq minutes. Cette expérience
est renouvelée 4 jours plus tard. Il sera alors décidé de dissoudre le groupe
de recherche. Pourquoi les expériences, qui ont été reprises par la Section technique de
l’aéronautique en 1918, s’arrêtent-elles brutalement ?
Et enfin, pourquoi avoir
encore oublié les essais menés par Max Boucher et l’ingénieur Maurice Percheron
en 1922 et 1923, qui aboutissent à un vol de 75 kilomètres sans
intervention humaine. Ces expériences seront arrêtées en 1924 et Max Boucher
sera remercié et écarté des projets repris par la Section technique de
l’aéronautique. Les essais ne seront pas poursuivis officiellement.
Durant les
années qui suivront, les services techniques feront en sorte d’éliminer toutes
les polémiques sur l’avion non habité ou encore appelé avion dirigé hors vue,
en arrêtant les expériences et en travaillant dans le secret. Essayer de
répondre à ces interrogations nous entraîne inévitablement vers d’autres
questionnements, questionnements que nous aborderons prochainement.
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