Camille BRUN et Christian BRUN
Centre de Recherche de l’Armée de l’air (CReA), École de l’Air, 13 661, Salon Air, France
Centre de Recherche de l’Armée de l’air (CReA), École de l’Air, 13 661, Salon Air, France
L'identité de
l'aviateur est une notion polymorphe, difficile à saisir. Les traditions, les
relations entre individus et entre corps, les évolutions historiques, les
différents conflits qui ont émaillé tout le XXème siècle, les
périodes difficiles qui ont entraîné des contraintes budgétaires, les
innovations doctrinales qui ont engendré des adaptations parfois pénibles, sont
des facteurs explicatifs permettant d’approcher une compréhension globale de cette
identité. Aussi, afin d’appréhender le plus simplement les différentes étapes de cette construction, nous
allons cheminer tout au long de l’histoire de l’aéronautique.
C’est tout
d’abord vers les pionniers de l’aviation qu’il faut se tourner, vers ces
aventuriers, ces ingénieurs, ces inventeurs, qui ont permis de réaliser le
mythe Icarien. Ce sont les premiers artisans du vol, ceux qui vont offrir aux
« merveilleux fous volants », les premières machines fonctionnelles.
Ce sont eux aussi qui vont insuffler la part de rêve, qui caractérise le monde
du vol et de l’aviation. Ce sont ces découvreurs qui vont faire revivre le
mythe de la « verticalité ascendante », de l’envol.
Ils vont
laisser la place aux techniciens qui vont apporter avec eux une façon de vivre,
de travailler, de préparer, de mettre au point la machine, en quelque sorte les
premiers pilotes d’essai. Le temps du rêve a donc laissé la place au domaine
technique. Parallèlement, ces pilotes vont travailler avec des mécaniciens
issus, la plupart du temps, du monde de l’automobile. Ces spécialistes ont
pratiquement tous été formés au sein des Arts et Métiers, école où les
traditions sont fortes. Elles seront donc reprises par le monde de
l’aéronautique et perdureront jusqu’à nos jours. Ces mécaniciens vont également
amener des pratiques empiriques spécifiques et une approche professionnelle
particulière.
Puis viendra
le monde des sportifs et celui des records, des exploits, des
performances : toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus vite.
C’est le temps des « pilotes », de la déification du personnage, de
la sacralisation du « volant », de celui qui a dompté définitivement
la machine : un deus ex machina. C’est
donc la naissance de l’aviateur professionnel. Il va transformer la machine
fonctionnelle en avion opérationnel. Il sera à l’origine de cette image qui
caractérise toujours le pilote d’aujourd’hui et que Mortane va immortaliser
sous les traits d’un « torero des airs », c'est-à-dire de quelqu’un
qui pilote et maîtrise l’appareil selon des règles précises et parfaitement
codifiées.
Ainsi, de 1890
à 1913, c’est tout un socle identitaire basé sur des expériences et des
réalisations, sur des spécialistes et sur des images, qui se met en place. De
ces soubassements va surgir le couple mythique et originel de l’aviation en
général et de l’Armée de l’air en particulier : le pilote et le mécanicien. Avec la Grande Guerre,
l’avion devient opérationnel et l’aviateur se militarise, se professionnalise,
se spécialise. Dans ce contexte, va naître une image fabriquée, celle du
chasseur et de l’As de l’aviation.
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